Kodomo-e, le miroir de l'enfance

Au Japon, à l’époque d’Edo, l’enfant occupe une place importante au sein de la famille, du groupe et de la société. Une attention toute particulière lui est accordée. L’éducation tient une place primordiale, de même que le jeu, dans le développement des enfants.

Dans la région d’Edo (aujourd’hui Tokyo), chaque famille compte en moyenne de quatre à cinq enfants dont le taux de mortalité est de un sur trois avant l’âge d’un an. Les petits sont donc entourés de beaucoup de soin et d’amour. A cette époque, les Japonais considèrent que l’enfant est proche des entités surnaturelles et toujours prompt à retourner dans leur monde. La société organise de très nombreuses fêtes rituelles destinées à préserver les enfants des maladies et à s’attirer les bonnes grâces des divinités.

Amédée de Guerville, un voyageur qui entreprend plusieurs séjours au Japon à cette époque, écrit :
Ce sont les enfants les plus heureux du monde. Nés dans un pays où la colère est pour ainsi dire inconnue, où la douceur, la politesse, les bonnes manières sont, avec le courage les qualités les plus admirées, ils ne sont jamais grondés, jamais bourrés, jamais battus et jamais jamais, leurs parents ne s’abaisseraient jusqu’à les injurier. Eux-mêmes ont le caractère facile [...] Ils sont la patience, la tranquillité, la sagesse personnifiées.
In Le voyage au Japon, Robert Laffont, 2001.

L’estampe japonaise qui atteint son apogée à cette époque avec une virtuosité technique inégalée en dehors de l’archipel, retrace la vie quotidienne des enfants et l’affection qu’on leur porte. Celle-ci ne cesse d’enchanter les Japonais si bien que trois grands courants d’estampes se distinguent :
Les oyako-e, représentent les mères avec leurs enfants. D’une grande beauté et délicatesse, elles montrent des scènes de bonheur maternel.
Les kodomo-e montrent les enfants dans les situations de la vie quotidienne, en train de jouer, de se disputer, d’étudier, etc.
Les omocha-e enfin sont des estampes destinées à divertir ou éduquer les enfants.

Oyako-e
Kitagawa Utamaro, Huit scènes de la vie que l’on aime. Le Bruit, 1803

Kôchôrô Utagawa Hunisada, Les douze mois à la mode. La fête des garçons, 1803

Utagawa Kunisada, Mère en train de baigner son enfant, 1830-1840

Utagawa Kunisada, Léger maquillage, début du  XIXe siècle

Utagawa Kuniyoshi, L’apprentissage de la calligraphie, 1844

Utagawa Kunisada, Les douze mois. La fête de la lune à la mi-automne, 1830

Kitagawa Utamaro, Les enfants sont un trésor, 1804

Utagawa Kunihisa, Jeux d’enfants, 1830-1844


Kodomo-e
Anonyme, Enfants au bain, début du XIXe siècle

Kawanabe Kyôsai, Jeux dans l’eau, début du  XIXe siècle

Ichimôsai Utagawa Yoshitora, Jeux des quatre saisons. L’été, 1830-1844

Anonyme, Jeux d’enfants. Feux d’artifice, début du XIXe siècle

Anonyme, Jeux d’enfants. Jets d’eau, début du XIXe siècle

Yamamoto Shôun, Jeux d’enfants. Libellules, 1907

Utagawa Yoshiiku, Jeux d’enfants. La chasse aux lucioles à Wasada, 1860

Keisai Eisen, Jeu de poupées et de dînette, 1818

Utagawa Hiroshuge, Espiègleries à l’école, 1834

Utagawa Kuniyoshi, Exposition de calligraphies de jeunes enfants, 1844


Omocha-e

Utagawa Yoshitora, Visages comiques à regarder dans les deux sens, 1861

Eisai Senju, Personnages du drame de Chûshingura, 1818-1830

Utagawa Chikayoshi, Miroir à deux faces. Poupées de toutes sortes, 1865-1868

Kazumitsu, Image de poupée à changer, début du  XIXe siècle

Anonyme, Jeu de l’oie sur les fêtes annuelles, 1906


Anonyme, Présentoir de poupées pour la fête des filles, début du XIXe siècle


Utagawa Yoshifuji, Armure pour la fête des garçons, 1860


Hasegawa Sadanobu, Maquette pour le conte du Moineau à la langue coupée, 1891

Utagawa Shigenobu, Nouvelle estampe encyclopédique. Ensemble de jouets, 1844

Utagawa Shigenobu, Nouvelle estampe encyclopédique. Les oiseaux, 1844

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