L'étrange bibliothèque


« Et bien, lorsque le cerveau est bourré de savoir, il est particulièrement délicieux. Nutritif et consistant. Bien crémeux, riche en pulpe ». Quoi de plus délicieux qu'une bonne lecture.

Chez Murakami, le réel et l'imaginaire n'ont aucune lisière qui les sépare, qui détermine précisément de quel côté se place le récit. Au contraire, ils se pénètrent ou se chevauchent. Le lecteur absorbé par la lecture appartient autant à la réalité qu'à la fiction qu'il lit. Dès lors, réel et imaginaire coexistent sans prééminence, au même instant et dans le même espace.
C'est ce phénomène que Murakami explore dans L'étrange bibliothèque.

Le narrateur est un jeune garçon qui se rend à la bibliothèque municipale pour restituer les ouvrages qu’il avait empruntés. Mais il découvre la bibliothèque et son personnel sous un jour nouveau, labyrinthique et kafkaïen.
Un vieillard l’emprisonne, l’oblige à apprendre par cœur les ouvrages compliqués qu’il vient d’emprunter. Le vieux et cruel geôlier entend dévorer son cerveau une fois qu’il aura fini d’ingurgiter les connaissances enfermées dans ces livres. Inquiet sur son sort, l’enfant est perdu face à l’effacement des repères du quotidien. Il doit désormais compter sur l’amitié de l’Homme mouton et de la petite fille muette.

Si le thème de la bibliothèque-claustrale n'est pas nouveau, Murakami s'en empare avec beaucoup d'onirisme et une grande beauté aboutissant à un texte d'une rare poésie étrange.

Enfin, il faut souligner le soin apporté à l'édition et l'élégance des illustrations de Kat Menschick.

L'Etrange Bibliothèque,
de Haruki Murakami, traduit du japonais par Hélène Morita, illustration de Kat Menschick,
Editions Belfond, novembre 2015

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