Adieu Jirô Taniguchi


J'ai une pensée très émue pour Jirô Taniguchi qui vient de nous quitter à l'âge de 69 ans.

Cet immense mangaka introspectif et contemplatif nous a bouleversés avec deux chefs d’œuvre : Le Journal de mon père, où Yoichi s’exclut peu à peu de sa propre famille et Quartier lointain, le récit d'un homme transporté dans la peau de ses quatorze ans, avant le décès de son père.
Je souhaite ajouter une fresque admirable mais moins connue, Au temps de Botchan, qui évoque l'ère Meiji et ses écrivains.

Le travail très délicat de Jirô Taniguchi ne se limite pas au seul récit intimiste. Le maître ne cesse de s'illustrer avec talent d'un univers à l'autre, du polar aux récits d'aventures, des récits animaliers aux récits de montagne, toujours avec le souci d'étudier la relation entre l'homme et la nature.

A mes yeux, son livre le plus marquant, qui révèle intensément l'esprit contemplatif de la civilisation japonaise et qui expose la grâce poétique de l'auteur est L'homme qui marche. Son héros déambule au hasard des rues, découvre toute la beauté du quotidien, s'émerveille devant le simple vol d'un oiseau... Il laisse ses émotions s'exprimer librement. Un arbre, une fleur, une lumière, une ombre, un rayon de soleil, le plaisir de l'instant, le petit bonheur simple du présent, la quiétude après le lâché-prise... Aller jusqu'à la mer pour lui rendre un coquillage...

Jirô Taniguchi, vous nous avez offert la grâce en lecture. MERCI.

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