Le jour des corneilles


Face au juge, le fils Courge témoigne et raconte son existence dans une cabane isolée au fond des bois. Sa mère est morte en couche. Il vit avec son père, brisé par le chagrin et sombrant peu à peu dans la folie. Il livre également les violences inouïes que son père lui inflige, et les épreuves initiatiques d'une cruauté extrême dont il est victime.

Un roman rude
Les scènes sont directes, brutales et gores. La maltraitance physique et psychologique sur l'enfant est toujours difficile. Père et fils Courge mènent une vie sans aucun lien social où l'existence même touche au glauque.
Le lecteur est mis à rude épreuve.

La poétique de l'horreur
L'auteur parvient à intégrer toute la violence du récit dans un ensemble très poétique qui accroît la fascination du sordide. Le père est visité par des gens imaginaires qui lui commandent des actes insensés. Le fils perçoit les morts auréolés d'une lumière bleue qui l'apaisent. Chacun est hanté par ses propres fantômes amicaux ou terrifiants.
Le sens poétique est également porté par un style flamboyant. Plus qu'une écriture, l'auteur y déploie une langue.

Rabelaisien
Ce roman à la première personne donne la voix au fils, un illettré qui tente de comprendre le monde sans posséder l'éloquence et le vocabulaire pour exprimer ses sentiments. Alors l'auteur imagine une langue simple qui s'empare de vieux français, d'argot, de jargon rural, de néologismes variés, formant un langage étrange et archaïque. La langue du fils Courge sonne très vite comme une évidence aux accents rabelaisiens.

« Père m'aime-t-il ? »
Face aux tortures et aux ordres absurdes que lui impose son père, le fils Courge s'interroge. « Père m'aime-t-il ? » Il poursuit une quête éperdue d'amour, lui qui n'a reçu aucun prénom, qu'on nomme « fils Courge » en rappel de la puissance paternelle. La brutalité familiale n'entame jamais l'amour qu'il porte à son père, ni l'acharnement à trouver en lui la trace d'un sentiment d'amour.
L'amour est le fil du roman et le noeud de l'intrigue.


Un dernier mot. Oubliez le film d'animation adapté du roman qui en expulse toutes les qualités.

Le jour des corneille
de Jean-François Beauchemin
Editions Libretto



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