Brainless de Jérome Noirez : du romantisme et de la viande


Hier soir, je me suis plongé dans Brainless comme on regarde un bon film. Je n'ai pas pu refermer le livre avant la fin, taraudé par le destin des deux héros. Que va devenir Jason ? Cathy va-t-elle survivre ?... Chuuut ! pas de spoil !

Quelques jours plus tôt, quand Nadège ma libraire ma tendu le roman, j'ai immédiatement été frappé par la couverture sur fond gris et la tranche orange, couleurs tendance, un livre qui contraste en librairie. En feuilletant rapidement, j'ai remarqué l'alternance de caractères. J'ai d'abord cru à une erreur, puis me ravisant, pensé qu'il s'agissait d'une marque de narration.
En effet, le roman alterne le récit et les confidences de Jason. Jason, tout le monde l'appelle Brainless depuis toujours, même sa mère, un surnom péjoratif. Sans cervelle, écervelé, bêta. Le roman est l'histoire de cet adolescent négligent presque insipide qu'on surnomme Brainless et qui se révèle Jason, un ado de coeur et d'esprit, au contact de Cathy, une ado goth.
Si vous imaginez qu'il s'agit d'un récit romantique, vous tapez juste. Mais un récit romantique tout à fait nouveau. Il faut préciser une Jason est mort, tout ce qu'il y a de plus mort, étouffé par du maïs lors d'un concours lamentable à l'image de son environnement. Tous les jours, Jason s'injecte les prescriptions des médecins pour éviter que ses chairs ne moisissent et garder une allure à peu près humaine. Pour conserver sa pensée, il ingère des steaks crus ou des cervelles de veaux. Il n'arrive pas toujours à maintenir une activité cérébrale cohérente, mais il fait beaucoup d'effort.
Brainless est donc un récit romantique zombifique, peut-être le premier du genre.
Côté viande, le lecteur n'est pas en reste. Chairs, hémoglobine, horreur, réalisme cru côtoient très subtilement un profond romantisme qui fait de ce roman une lecture aussi saisissante qu'émouvante.

Brainless de Jérôme Noirez
Editions Gulf Stream collection Electrogène

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